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Monday, March 25, 2013

Saint Geha The Lost Canvas - Son of Apocalypse [Français]

/ [Again I cautiously split both giant versions into separate posts. English translation is in the works, et caetera, et caetera...]
Remember, whenever a new article is posted, it means the previous one is in its final version: fully translated, proofread, and perhaps slightly updated. Read it twice, double your enjoyment!






Si, si, je vous assure: la traduction en anglais de l'article précédent [correction: l'avant-dernier pour cause de scoop] a été mise en ligne le soir du 21 décembre, je le jure Votre Horreur. Je ne comprends pas... Il a dû tomber dans une faille de l'espace-temps jusqu'à ce que la femme de ménage du Sofitel le retrouve en passant l'aspirateur, ça ne fait aucun doute. Pas si continuum que ça, l'espace-temps, finalement. A l'échelle quantique, c'est comme le gruyère: plus il y a de gruyère, plus il y a de trous; et plus il y a de trous, bah moins il y a de gruyère. [Ce paradoxe s'appelle l'Effet Casimir, également connu comme le Principe du Gloubiboulga, du nom d'un sultan-astronome-gastronome Iöughour du 4ème siècle avant Muhammad.]
C'est décidé: pour la prochaine Fin Du Monde, je m'achète un réveil-matin pour ne pas louper le spectacle. Ou alors, je téléchargerai le film piraté!
A condition qu'il ne soit pas produit par Lars Von Trier, il paraît que ses procès de ©opyright sont féroces. Surtout si vous téléchargez, sous le nez d'HADOPI, son très approprié Antichrist. C'est pour le coup qu'une extinction planétaire par voie d'huissier risquerait de vous tomber sur le coin du Crânosaure!
Au fait, après la Fin des Temps, vous faites quoi? Non, parce que je donne un méchoui-kébab pour mon enterrement de vie de garçon. Mais je sais pas encore quand, il manque la fiancée.

Quelqu'un qui est pratiquement blasé de gérer des Apocalypses chaque jour au boulot, c'est assurément Saint Seya... Seiya... Seyia... Seyar... Saint Schmilblick!!! Dans
The Lost Canvas, c'est carrément l'être semi-divin le plus puissant du Cosmos (le dernier d'une longue liste) qui, mû par une folie bien plus absurde que celle de Saint Oussama, compte utiliser ses pouvoirs d'imam d'Oman... d'emmerdement... d'amer dément pour peindre une gigantesque toile maléfique (le fameux et éponyme Canevas Perdu). Lorsque celle-ci sera achevée, ce qu'elle représente (je vous laisse deviner...) se réalisera et l'Univers disparaîtra, POUF! comme ça.


Et après CETTE catastrophe pénultime, il y a encore la Saga Satan Hadès, où le Maître des Enfers, alias le Royaume des Morts, veut rendre service aux vivants en transformant notre monde pour qu'il devienne aussi joli que le sien. Yo, Méphisto, man, on n'a pas forcément tous les mêmes goûts! Oscar Wilde le disait bien déjà, qui recommandait de ne pas toujours souhaiter aux autres ce que l'on voudrait avoir pour soi-même. Merci, Oscar, t'es l'homo le plus cool que j'aie jamais connu (ex-æquo avec Freddie Mercury et Captain Pink Igloo). Les hétéros de toute la Galaxie te remercient pour ta largesse... euh, d'esprit!

Un autre Prophète occasionnellement inquiétant, et à d'autres moments admirable, en tout cas toujours impressionnant, était notre Geha national. Alias Djoha, alias Nasreddine Hodja, alias le sage fou. Plus connu au Moyen Orient que le loup blanc, ou la baleine blanche, car soyons honnêtes, dans nos déserts il n'y a pas tellement de loups des neiges. Et à peine davantage de cachalots! Geha, comme on l'appelle au Liban, est un personnage haut en couleurs qui a réellement existé. La preuve, on peut visiter (en trombe) sa tombe de saint homme en Iran, où sa sainte trombine repose. Ainsi qu'en Turquie. Et aussi au Maroc, tout au moins tant que les zélotes d'Al-Sardine ne démolissent pas aussi ce mausolée-là à coups de pieuses pioches percutantes. J'ai moi-même un descendant direct de Geha dans ma famille, sans déconner!


Geha Premier n'a pas annoncé l'Apocalypse (certainement trop prosaïque pour lui), mais il a néanmoins prédit des tas de choses extraordinaires. Tenez, rien que sa femme, Mme Geha, elle a prédit le jour où il a plu une tempête de boulettes de viande du couscous. Non, pas dans le ciel de l'Oural au lendemain de la StVal'. Dans son jardin. ("Encore un Signe!!!")
Geha a sa statue canonique où il est, comme de bien entendu, monté sur son âne. Ne pas confondre avec la statue canonnade du Baron de Münchhausen, monté sur un boulet de canon. Je cause d'un bourricot, pas d'un boulet chaud de son canon à boum-boum shows. (Et laissons les canassons à Don Quichotte, qui était encore plus fou, mais moins sage. ¡Viva Sancho and Zalata!)


"J'aime mieux un âne qui me porte, qu'un cheval qui me jette par terre." -- (Proverbes de sagesse de Sachem Chippowok)
Geha-à-califourchon a même SES statues. Mais c'est normal: il a eu plusieurs ânes. Des tas. (Allah ait leurs plusieurs âmes...) Comme celui qui s'est un jour changé en voleur lorsqu'il s'est repenti de sa mauvaise vie.
Certains de ces ânes étaient très bêtes, comme celui qui contredisait son maître lorsque celui-ci disait à son voisin: "Non, je ne peux pas te prêter mon âne, parce qu'il n'est pas là.
- Mais," protesta le voisin, "pourtant je l'entends braire dans ton jardin.
- Tu me fais de la peine, voisin! Tu te dis un ami, et pourtant tu croirais la parole de l'âne plutôt que la mienne?"


Un autre âne, lui, était vraiment génial. Geha s'est dit un jour, "je vais lui donner un peu moins de foin à manger chaque jour, il ne s'en rendra pas compte, et ça me fera des économies". Et, en effet, le brave âne, sympa comme tout, mangeait sans se plaindre. Geha a donc continué plus avant cette bonne idée, et chaque jour il donnait à l'âne encore un peu moins de foin que la veille. Finalement, arriva le jour où la ration quotidienne du brave bestiau atteignit zéro, et il ne se plaignait toujours pas. Une semaine passa, on ne peut plus économique, mais un matin l'âne travailleur était mort dans son écurie ânerie.
Le pauvre Geha se lamenta beaucoup et bien fort: "Oh, Allah, quel cruel malheur! J'avais enfin trouvé un âne formidable qui ne coûte rien à entretenir, mais hélas, quelle malchance, il est mort!"

Ce que je ne savais pas d'après les histoires hagiographiques traditionnelles, c'est que Geha était semble-t-il un sacré coureur. Comment je sais ça? Eh bien, parce que non content d'avoir infiltré ma royale lignée, ses descendants directs sont hégémoniques dans la classe politique Libanaise, toutes communautés confondues! Et il y en a plus de 16... [Merci à Marie-l'Encyclopédie pour m'avoir rappelé avec certitude le nombre 18, effectivement elle avait raison. J'en connais, hein, des gens intéressants?]

(*) Divers : notamment quelques Juifs rescapés, malgré le conflit avec Israël.(**)

(**) Je vous ai fait grâce des 0,1% d'hindouistes, bouddhistes, monophysistes, animistes, Raéliens, Sumériens, Akkadiens, Hittites, Mèdes, Syldaves orthodoxes, Iöughours unitariens, musulmans Tabouls... perdus dans le désert pour avoir mal suivi les flèches qui volent dans tous les sens.(***)

(***) Bon, en fait et selon certaines sources, il y aurait jusqu'à 68 religions/confessions au Liban... chiffre datant d'avant le culte du Divin Pharaon! Mais que voulez-vous? Alan Moore l'a bien dit: "Les cultures sexuellement progressistes nous ont donné les mathématiques, la littérature, la philosophie, la civilisation et le reste, tandis que les cultures sexuellement restrictives nous ont donné le Moyen âge et l'Holocauste. Non pas que j'essaie de biaiser mon argument, bien sûr."

Jolie mosaïque, hein? Arlequin Au Pays Des Guignols...

Pardon? "On parlait de la descendance politique Libanaise"? Bon, OK, d'accord, attendez une microseconde, je vais vous expliquer comment j'ai fait cette découverte ghehanétique majeure.
On a eu droit, à l'occasion de la Fin du Monde (calendrier Oriental Russe, le 7 Janvier) à une tempête de neige nationale assez monumentale. Pendant 7 jours et 7 nuits, je ne savais pas où ma panthère de Sibérie toute blanche était allée vagabonder. Lorsque la neige a enfin fondu, je me suis rendu compte qu'elle était juste devant le seuil du Mastaba! (Impressionnant, son camouflage d'hiver.) Bref, on n'arrivait pas non plus à la voir la nuit, malgré le noir ambiant. Entre autres, parce que tout le pays est resté sans électricité pendant tout ce temps. On peut dire merci à la grève des employés de l'EDL, qui a commencé pile en même temps que la neige.


Et pourquoi donc ces fainéants ne voulaient-ils plus travailler? Rendez-vous compte de la futilité de leurs griefs: juste, simplement, rien de plus, le dernier budget de notre bon Gouvernement leur avait supprimé la sécurité sociale, ainsi que la couverture maladie-accidents. Ça leur a suffi pour décréter, je vous demande un peu, tas de gueux, qu'ils ne voulaient plus grimper à 10 ou 40 mètres de hauteur au milieu de la tempête et des bourrasques pour réparer des câbles électriques (parfois à haute tension qui fouettent l'air dans le vent) au milieu des somptueuses gerbes d'étincelles hollywoodiennes. Allez donc offrir à des roturiers l'honneur de travailler gratuitement pour votre prestigieuse personne, sans même leur réclamer un bakhchish, et voilà comment ils vous remercient! Je vous demande un peu... Salauds de pauvres.
Plus têtus que des bourriques! Alors même que notre si sage Gouvernement, si soucieux d'économies en ces temps de crise où chacun doit y mettre du sien, fait de son mieux pour freiner l'ascension startosphérique de la dette nationale. Tenez, il y a même des rumeurs comme quoi l'augmentation annuelle automatique des salaires de nos ministres et députés pourrait être plafonnée. Par eux-mêmes. C'est vous dire si les temps de vaches maigres sont durs pour les bourricots nasreddiniens.
Finalement, désespéré par tant d'ingratitude, notre cher Gouvernement a fini par démissionner il y a quelques jours. Là! Vous êtes contents de vous, maintenant?

Autre application du Théorème Asinien de Geha: en temps NORMAL, on a du courant au mieux durant 50% de la journée, le reste du temps il est rationné. Pourquoi donner deux bottes de foin par jour à un âne s'il est assez intelligent pour travailler avec une seule? Application pratique: le secteur industriel Libanais.
On a les politiciens les plus intelligents du monde. La planète entière nous les envie.
Ils pourraient venir nous les prendre. On est généreux, au Liban, on les donnerait volontiers.
Précisons que le compliment s'applique aussi bien aux Martiens adeptes du 8 ("l'infini debout") qu'aux adorateurs Arésiens du chiffre 14 ("My Bloody Valentine + 1 mois"). Ils se sont succédés à la tête du pays, au fil des années. Mais, sages comme ils sont tous, ils savent qu'on ne change pas une formule qui marche. Surtout si elle continue de marcher avec de moins en moins d'avoine chaque jour!


"Tout ce qui est important politiquement devrait être rationné à la manière des bonbons Pez: distribué en morceaux petits, sucrés, qui sortiraient d'une petite tête rigolotte en plastique." -- (Dennis Miller, VRP chez Playmobil)

En plus, avec la crise syrienne, on doit partager notre avoine quotidienne rationnée avec nos voisins et frères. Doublement: au nom de la neutralité, les pro- comme les anti-Assad sont rahat-welcome.
On a l'habitude: on a déjà partagé avec eux, très généreusement, pendant les années où leur armée affamée était réfugiée dans notre beau pays accueillant d'à peine 4 millions d'habitants.
Tout le monde est bienvenu chez nous: Syriens [920.000 réfugiés fin Février], Israéliens, Palestiniens, Irakiens, Iraniens, Jordaniens, Soudanais, Maliens, Nord-Maliens, Anormaliens, Somaliens, Surmaliens, Yéménites, Pakistanais, South-Parkistanais, Afghans, Assyriens, Akkadiens, Sumériens, Hittites, Mèdes, Ouïghours, Ioüghours, Taboulistanais, Guantanamiens, Jihadistes apatrides, Antarctiquais, Vénusiens, Bételgeusiens, Bizarros, Futuramiens... Ils se trouveront toujours tous une porte ouverte pour les accueillir... à condition qu'ils aiment notre foin Libanais, c'est une vieille recette ancestrale.
Merci qui? Merci Geha!
"Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles." -- (Maître Pangloss Senseï, Prophète Optimiste)



[Petite précision: cette invitation ouverte n'inclut pas l'hébergement dans ma Pyramide. A mon grand regret. Mais voyez-vous, grâce au succès de notre dernière campagne de recrutement basée sur la peur et ma belle gueule, mon harem est plein dorénavant, de même que les quartiers du personnel (le dernier p'tit gars est arrivé dans la nuit du 13 au 14, le 13ème mois de l'année 2012). Il ne me reste plus que le minimum vital de places: pour ma future Reine, pour la famille en visite, et pour les amis intimes. Oui, y compris ceux qui nt le cigare. Les autres, oubliez le Pharaon ou les étables de Bethléhem, et essayez plutôt l'Hôtel George 5. C'est un ami. Entre souverains... Dites juste que vous venez de la part du Pharaon of Lebanon, et ils vous fileront tout de suite leur suite la plus luxueuse. Et la plus chère. Et grâce à mon nom, ils vous feront un prix d'ami d'émir]
Au fait, vous savez pourquoi les gens habitant la localité de Bugarach, le Mont Rtanj, Sirince (Turquie), le Fuji-Yama et Chichen Itzá N'ONT PAS été morts pendant 3 jours? Parce que leurs montagnes ont des propriétés cosmo-mystico-énergétiques, grâce à leur forme de... pyramide.

BA-DUM, TISH!

"Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles"...
Aucun doute, on a eu droit à notre résurrection-miracle au 3ème Jour, mais ce fut une sortie agitée.
Le 22 décembre, je ne sais pas ce qui m'a pris, un coup de folie sans doute, sur une envie subite je suis allé au centre commercial. Après tout, puisqu'on était tous morts, qu'est-ce que je risquais, hein?
Eh bien si, je risquais. Un mois plus tôt, c'était normal (pour une foire...).

Mais là.... la FOLIE. La folie complète, totale, absolue. L'Humanité quasi-entière semblait s'y être rassemblée (excepté les jihadistes, les colons juifs, les télévangélistes et les opposants au mariage gay, qui naturellement avaient échappé à notre sort). On se marchait les uns sur les autres, comme des sardines en boîte (auxquelles il aurait poussé poussé des jambes, évidemment). L'air était irrespirable, méphitique, miasmeux, saturé en monoxyde, dioxyde et polyoxydes de carbone, sans parler des bouffées occasionnelles de méthane humain aromatisé au soufre. Le vacarme, infernal, un orage de décibels et de pleurs d'enfants hystériques. Et par-dessus toute cette démence arkhamesque, une voix de démon sadique qui jubilait comme le tonnerre en faisant trembler les murs:
"Achetez, consommez, dépensez, c'est la fête du Veau d'Or et de Gryshnak, youpi, Mammon m'attend, tra-la-la, pa-ra-pa-pam-pam!" Un abominable blasphème mercantile invertissant tout ce qui fait la Sainte fête de Noël. Croyez-moi, n'allez jamais, JAMAIS dans un centre commercial à moins de trois jours de Noël. Vous finirez bouilli à la vapeur ou frit à l'huile de palme hydrogénée enrichie en E-666, dans un chaudron en promotion exceptionnelle, extra-extra, plus que 10 minutes pour saisir cette occasion unique.



[Lien sur YouTube]

Désireux d'expérimenter jusqu'au bout cette... expérience touristique extrême exceptionnelle (les Apocalypses Maya, il n'y en a pas tous les jours ans siècles millénaires), j'ai repéré une petite babiole bradée (une souris Hello Mickey en peluche à $1, un joujou pour Bastet), j'ai pris une profonde inspiration, et j'ai plongé en un parfait saut de l'ange tarzanesque dans le tsunami qui battait les côtes caisses de son ressac sans répit. Je n'ai pas pu retenir mon souffle très longtemps, mais ce n'est pas grave: dans mes rêves (vous avez remarqué?) j'arrive à respirer sous l'eau. Eh bien, dans mes cauchemars aussi!
Malgré le niveau sonore digne d'une discothèque underground dans les catacombes de Riyad, j'ai réussi à me faire entendre d'une brave dame damnée qui souffrait stoïquement juste à côté de moi: "Je crois qu'ils avaient raison, pour la Fin du Monde. On est tous morts, et ici c'est le Purgatoire."
Elle m'a répondu avec un sourire de désespoir: "Non, mon bon monsieur, je crois qu'ici c'est l'Enfer."
Et puis, un remous de démons rouges (aux chemises écarlates frappées du sigle du magasin) l'a submergée dans un vacarme de bombe atomique de Fukushima. Les derniers mots de cette âme en perdition drossée vers les récifs déchiquetés furent: "Est-ce qu'il y a une réduction sur cet article avec la carte du magasin?" Puis sa voix fut noyée pour l'Eternité par les tonitruants décibels d'une version heavy metal techno de "Jingle bells".

[Non, pas CETTE version de "Jingle bells":]


J'entends d'ici votre perplexité interrogative: comment diable(!) la curiosité a-t-elle bien pu suffire pour me pousser ainsi dans les flots tumultueux et styxiens du Ragnarok asphyxiant?
Vous avez raison: j'avais une autre raison.
Mais y'a des moments où qu'un homme doit faire ce qu'un homme doit faire, M'dame.
Voyez-vous, il fallait absolument que je profite des promos massives sur les fringues. J'ai rien à me mettre!
Oui. Tout Pharaon que je sois. Croyez-le, c'est possible.
La faute au Liban. Ou plutôt aux Libanais! Le sport national, c'est la polarisation politique. Cette propension incroyable, mais pourtant bien possible et réelle, à se persuader que seuls les politiciens d'un des deux camps sont des nuls complets, des ripoux, des vendus, des fromagistes, et des abrutis incapables. Alors que c'est la définition même d'un Politicien. Sauf Mohandas Karamchand Gandhi et Che Guevara, de vrais gens de conviction ceux-là, mais ils étaient l'exception martyre qui confirme la règle. Vous voulez savoir quel est le politicien dont je me méfie toujours le plus? Celui pour qui j'ai voté. Car en politique, je ne donne jamais ma confiance; je la prête. Quand un politicien sympa vous serre chaleureusement la main, recomptez quand même vos doigts ensuite.

Une touriste visite le Mexique en voyage organisé. Le guide leur fait visiter une arène, et annonce fièrement:
- La corrida est notre premier sport national.
- C'est révoltant!" s'indigne la brave dame.
- Aah, non señorita. La révolte, c'est seulement notre DEUXIÈME sport national.

Bref, tant qu'on en est à évoquer les émeutes, autant que j'en vienne à la relation entre la politique et le shopping maso-suicidaire des fêtes. Figurez-vous qu'un nombre franchement inquiétant de Libanais sont plus que simplement polarisés: ils sont carrément paranoïaques. "Le monde" (traduisez: les pays étrangers qui soutiennent l'autre camp) "n'a pas d'autre préoccupation que de comploter contre moi sans répit, ils font tout pour ça simplement parce qu'ils sont méchants, et mesquins, et jaloux de mon intelligence, ma culture encyclopédique, ma noblesse phénicienne, ma fierté nationale intransigeante." Cela se traduit par un fanatisme à chercher la petite bête, la cachette du diable planqué dans les détails, à se prendre pour l'oreille infaillible de Sheikh Assir, bref, à se croire comme le Christ que les suppôts de Satan cherchent sans relâche à clouer sur une croix. Ces excités (perpétuellement en période de soldes) n'ont jamais qu'un seul sujet de conversation à la bouche: combien "les autres" sont vils, bien que nos frères de Libanité éternelle. Au moindre prétexte, ils voient rouge. Ou orange. Ou jaune. Ou vert. Ou bleu ciel. Ou indigo. Ou violet. Ou beige. Ou magenta! (Alors que le magenta n'est même pas une couleur.) Bonjour le canevas où l'on se perd! Que Saint Geha ait pitié de nous.
Juste un exemple: chaque hiver, les anti-Aounistes du Temple #14 frisent le scorbut, parce que "plutôt mourir que de manger des oranges!" Les citrons ne sont pas mieux perçus: le jaune est la couleur du Hezbollah, allié au "Geun'râl" (notre DeGaulle national).

Un tas de gens sont prêts à tout faire, tout écouter, tout croire, pourvu qu'ils n'aient pas à penser par eux-mêmes.
Alors, forcément, vous pouvez imaginer la quantité de vêtements dans ma garde-robe qui sont immettables simplement parce qu'ils sont d'une couleur... n'importe quelle couleur!
Même les non-couleurs: le blanc "ça fait pédé", on vexerait ces braves hétéros de salafistes (sauf ceux de Tripoli, ville dont on connaît les mœurs socratiques, mais je ne suis PAS Tripolitain. Ni gay.) Le noir, si on n'a pas la chance(!?!) d'être en deuil, ça évoque tout de suite "les gens en civil du Hezb qui apparaissent de manière inquiétante aux carrefours certains jours", ou alors en face, les "ninjas Sadem des Ouwét". Bref, toujours des connotations sinistres, et pour une fois les deux pôles polaires sont d'accord... ce qui arrange encore moins mes affaires! (Et mes fringues.)

Mais une chose qui les arrange, par contre, c'est que tous ces ours polaires mal léchés méprisent communément et de concert la plus non-couleur des couleurs, celle qui est elle-même son propre contraire et complémentaire. [Vous devinez mon idée de génie? Non? Alors lisez vite la suite!]
Résultat: ça m'a coûté quelques millions de drachmes-or (tant pis, j'augmenterai les impôts, c'est hyper tendance), mais je suis ressorti de l'enfer des soldes avec toute une garde-robe grise hyper-élégante. Cendré, anthracite, plomb, acier, brume, smog, pollution, cumulo-nimbus, crépuscule, blanc foncé, noir clair, poivre-et-sel, Prince de Galles... toutes les nuances de gris, couleur dont je suis devenu un expert mondial! Plus quelques belles pièces couleur zèbre ou panda, pour la touche d'originalité. Je ne porte plus que ça, mais je suis paré pour me saper à vie.


Echantillon du tissu couleur zèbre qui rend politiquement invisible.

En plus, je fais un malheur auprès de l'électorat daltonien.
Ne rigolez pas! Les daltoniens, c'est 13% de la population masculine! (Dont certains de mes ministres: Joe, William, Jack, Averell... tous natifs de Daltonie.)
Plus les 8 à 13% de citoyens qui sont gays, et qui ont bien rigolé en me voyant traiter la Terre de désaxée dans l'article précédent [correction: avant-précédent].
Plus les nombreux à ressentir une lassitude de moins en moins légère envers tous ces pôles qui nous empoisonnent le quotidien au Liban: le pôle Nord, le pôle Sud, le pôle Est, le pôle Ouest, le pôle Haut, le pôle Bas, le pôle Etrange, le pôle Beauté, le pôle Quark, le pôle Top, le pôle Bottom, le pôle Sucré, le pôle Salé, le pôle Epicé... et celui que j'aime un peu, le pôle Chocolat!
"Votez Chocolat!" Il n'y a encore aucun parti au Liban qui ait pris la couleur chocolat pour symbole. Ils auraient trop peur de ressembler à "autre chose"...
C'est justement grâce à ça que j'ai pu fêter, euh, les fêtes, avec TOUTE la famille, sans disputes. Tout le monde aime le chocolat. Et tout le monde m'aime.

Mine de rien, cette garde-robe aura vite fait d'être amortie, et le Trésor Royal renfloué. Avec tous les fans que j'ai... Voyons. 13% des 50% qui sont des hommes. Plus les occasionnelles femmes achromates. Plus les rarissimes femmes qui voient dans l'ultraviolet. Plus les racine carrée de 8x13% de LGBT. Plus les métrosexuels. Plus les hyposexuels et asexuels ( Eo!) Plus les érotomanes et leurs sœurs nymphomanes, qu'on regarde toujours de travers dans notre beau pays tolérant mais conservateur. Plus les amis des bêtes. Plus les myrmécologues, les formicophiles et les apiculteurs. Plus ceux qui travaillent ou se battent directement pour moi. Plus le harem. Plus Facebook et Twitter. Moins ceux qui sont plus d'une chose à la fois, selon un algorithme de pondération statistique. Je pose mon carton et je retiens l'attention... égale... heu... égale un nombre conséquent de citoyens qui m'écoutent et lisent mon blog! L'intérêt? Simple: au Liban, chaque voix d'électeur vaut régulièrement la somme de $100, voire le double. Et c'est toujours le mentor qui encaisse. Justement, une nouvelle loi électorale est en grandes discussions pour l'imminente prochaine échéance (qui sera probablement reportée).
En fait, je réalise qu'avec ma popularité, je pourrais facilement me faire élire maire, député, voire Président de la Raie Pubique.
Dommage pour le gaspillage, mais devenir une ordure pourrie de politicien puant, ça ne m'intéresse pas. Je suis très heureux comme ça, à simplement rester un humble Pharaon.
Au fait, je me suit fait faire de nouvelles photos d'identité, "presque de profil", vous aimez? Je la trouve très... vivante, cette photo. Surtout le regard, ça rend vachement bien mon air de modestie coutumière.

J'ai encore deux-trois petits commentaires sur l'actualité de l'hiver, mais il est temps pour vous de souffler. La suite au prochain numéro.

Le Signe apocalyptique du jour: l'horrible vérité sur les bombardements
français ANORMAUX en Normalie au Nord-Mali: C'EST DU NON-HALAL!!!
Mais que fait l'ONU? OK, je reconnais qu'il n'y a pas de jambons, et que les pieux
croissants-boomerangs compensent les bombes au Beaujolais nouveau, mais...


Quand au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver. A moins que ce ne soit l'inverse?...


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